Shirubaa
Scénario de Hisao Maki et Saburô Takemoto, d'après un manga
de Hisao Maki
Avec Kenji Haga, Shinobu Kandori, Rumi Kazama, Hisao Maki, Atsuko
Sakuraba, Kôji Tsukamoto
Sept ans après A
Human Murder Weapon, Takashi Miike renoue avec le scénariste/mangaka
Hisao Maki et son amour du catch à l'occasion de Silver,
leçon fondamentale de direct-to-video s'il en est. Atsuko
Sakuraba y incarne une jeune femme qui, après l'assassinat de sa
famille, décide de mener sa propre enquête pour faire justice elle-même.
Sous le surnom de Silver, la jeune femme karateka intègre la LLPW
- Ladies Legend Pro-Wrestling -, une équipe de catcheuses
(réelles - cf.http://www.llpw.co.jp/,
les " demoiselles " sont toutes dans le film !) qui sillonne
un Japon imaginaire, à la frontière de la SF (la ville du film,
constituée de buildings en synthèse au sein d'un paysage façon montagnes
rocheuses, rappelle fortement le dernières images duSix
String Samuraide Lance Mungia). En cours de route néanmoins,
Silver jettera son dévolu sur une mystérieuse gangster, folle lubrique
adepte du sado-masochisme, tombera dans les bras de son coach, et
croisera le chemin d'un étrange combattant, entraîné aux
câbles électriques en guise de tendeurs et féru du lancer de flêchettes…
Ca vous paraît un tantinet farfelu comme pitch
? Laissez-moi vous dire que vous êtes encore loin du compte ; Silver
bien que simple téléfilm - qui plus est inachevé, nous y reviendrons
- ferait presque de l'ombre à Fudoh
en matière de grande messe du "tout est permis" cinématographique.
Ca démarre plutôt fort avec un emprunt - hommage ? - à Massacre
à la tronçonneuse, le meurtrier de la famille d'Atsuko Sakuraba
n'étant autre qu'un Leatherface local, masque de peau compris,
qu'une bande de yakuza utilise comme marionnette meurtrière,
le contrôlant à l'aide… de simples sucettes ! Une dramatique découverte
de cercueils plus tard, Silver est née, et effectue ses premiers
pas sur le ring subtil du catch féminin face à de véritables catcheuses
(d'ailleurs il semblerait que notre " actrice " ait elle-même
une appétence pour ce sport). Miike s'amuse, filme les combats
avec beaucoup de plaisir. Mais ça ne lui suffit pas, c'est pourquoi
intervient notre dominatrice SM, qui urine dans une chope en s'arc-boutant,
avant de forcer son jouet sexuel à boire le précieux liquide… on
enchaîne, on enchaîne… Silver croise la route de la demoiselle dans
un bar peu fréquentable, où elle s'acharne à fouetter un
sexe masculin d'au moins soixante centimètres de long ! Silver pénètre
dans sa demeure la nuit mais se fait capturer - non sans avoir littéralement
enfoncé le visage d'un méchant d'un coup de poing!
- , soumise à son tour à une sympathique séance de flagellation
- il faut dire aussi qu'elle a interrompu une prometteuse séance
de gode-ceinture ! Dès lors, notre héroïne n'aura cesse de croiser
la route de la vilaine ; heureusement que son coach lui offre un
moment de répit le jour de son anniversaire. Miike s'épanche alors
sur une scène de sexe qui n'en est pas une, toute entière dévouée
à l'étude de la dynamique des très jolis seins de Miss Sakuraba
: malaxage, résistance à la gravité, compression… y'a pas, au terme
de ces longues minutes de test, l'ensemble a l'air d'origine - et
de qualité ! D'ailleurs l'actrice-catcheuse, nettement plus jolie
que ses congénères bien qu'un peu endivesque, ne manquera pas de
nous offrir de nombreuses occasions de nous le rappeler - que ce
soit au travers de poses très Corinne Touzet, ou sous la douche…
Je m'attarde certes, mais c'est un point essentiel de Silver
! Tout comme l'aptitude de l'héroïne à manier les pièces de monnaie
comme personne, notamment au cours d'un affrontement plus ou moins
amical contre l'acharné aux flêchettes ! Mais ce compagnon de jeu
décède, assassiné à son tour sous les yeux d'Atsuko…
et Silver est déjà terminé !
Ca alors ! Mais comment Miike a-t-il bien pu se
débrouiller pour faire passer ces quelques 80 minutes aussi rapidement
? La trame du film n'est même pas résolue ! A croire que si Silver
est l'adaptation du manga homonyme, ce direct-to-video
s'est limité à un seul de ses tomes, s'arrêtant net, en plein cliffhanger…
et la suite n'existe pas ! Et pourtant Miike nous a porté à bout
de bras, transcendant une histoire aussi basique que dissolue en
périple vidéographique expérimental ! Tout le côté " malade " du
bonhomme s'y étale, pour notre plus grand plaisir, et le réalisateur
y abuse très fortement de son actrice principale ! Alors non, en
tant que tel, Silver n'est pas un film, et ne fera pas vraiment
de l'ombre à Fudoh.
Mais il reste un direct-to-video unique, parfait pour qui
souhaite passer un moment hallucinatoire en compagnie d'un ami de
longue date. Vive la vie !