Andoromedeia
Scénario de Itaru Era & Masa Nakamura (sous le nom de
Kurio Kisaragi), d'après un roman de Kozy Watanabe
Avec Speed (Hiroko Shimabukuro, Eriko Imai, Takako Uehara,
Hitoe Arakaki), Da Pump, Christopher Doyle, Tomorowo Taguchi,
Kippei Shiina, Naoto Takenaka
Andromedia n'est pas le film le plus personnel
de Takashi Miike, vous l'aurez compris en jetant un coup d'oeil
à son casting. C'est avant tout, un peu comme Kiss contre
les fantômes pour le groupe d'extraterrestres de Gene Simmons
et Ace Frehley, un film à la gloire de Eriko Imai (qui chante
- fort bien ma foi - en solo depuis quelques temps) et ses amies
- soit un des quatuors adolescents féminins les plus connus de la
Jpop; j'ai nommé Speed. Ceci étant, ce film promo - une commande
pour Miike - s'est avéré non seulement différent mais surtout
bien au-dessus de tout ce à quoi je m'attendais…
Mai Hitomi (Hiroko Shimabukuro) est une
jeune fille enjouée qui sort tout juste du collège. Elle est entourée
de ses amies - Riko, Yoko et Nao - et passe la majeure partie de
son temps avec Yû, un ami d'enfance en passe de devenir quelque
chose de bien plus proche. En ce jour où les deux compagnons se
rendent sur la plage, au pied du cerisier autour duquel ils ont
joué de nombreuses fois étant plus jeunes, Mai a peur de l'avenir,
et surtout d'être séparée de ses amis. C'est aussi la première fois
que Yû l'embrasse, sous son impulsion à elle. Le soir, Mai et Yû
se séparent difficilement avant de rentrer chez eux. Tout jouasse,
Yû décide de passer un coup de fil à Mai, pour la saluer encore
une fois. Malheureusement, Mai s'arrête au milieu de la route pour
décrocher son portable. Et paf le camion. Exit Mai, enter Ai.
Mai, donc, meurt sur le coup. Les fleurs de cerisier viennent saupoudrer
le sang qui s'étend inexorablement sur le tarmac (c'est beau,
non?). (Mal)Heureusement, le père de Mai n'est autre
que Shungen, un informaticien génial qui a développé un système
permettant de sauvegarder les mémoires d'un humain et de le recréer
sur ordinateur. Mai devient donc Ai (je ne pense pas que ce soit
une coïncidence), représentation quasiment parfaite de Mai en
virtuel, espèce de déesse du cyberespace. Le hic, c'est que
Satoshi (demi-frère de Mai et hacker de légende) et le consortium
américain pour lequel Shungen travaillait avant de se rebeller contre
les ambitions diaboliques de son supérieur hiérarchique, sont prêts
à tout pour mettre la main sur Ai. Shungen est assassiné, Yû "stocke"
son amie de toujours sur un portable magical et s'enfuie.
Mais l'ennemi peut aussi se situer à l'intérieur de son groupe,
en la personne de Rika par exemple, amoureuse de Yû depuis toujours
et qui voit là une occasion de l'avoir pour elle seule…
Allez, on va lancer les grandes
comparaisons sur le tapis: quelque part, Andromedia a un
petit quelque chose d'un Lain en version (très)
light. Dans l'histoire, d'abord, de façon évidente; mais
aussi dans certains visuels, comme la salle d'info de l'école de
Yû - surtout lors du retour de Satoshi vers son programme/virus
Icon (qui le transforme d'ailleurs en représentation du
Christ - tout cela est très symbolique, vous voyez, mais il n'y
a pas besoin de lire entre les lignes). Bien sûr, la portée
est moindre, mais l'ambition aussi: Andromedia n'a aucunement
la prétention d'être autre chose qu'une histoire d'amour
matinée de science-fiction, avec des effets spéciaux tout à fait
honorables pour une production que l'on devine de standing moyen.
Loin du produit de promo pur (la seule chanson gratuitement interprétée
pendant le film l'est par Da Pump, le groupe masculin invité du
film), Andromedia fonctionne grâce au talent de Miike:
s'il ne cherche pas ici à expérimenter, il offre néanmoins une réalisation
sans faille. Et, surtout, il transparaît de l'ensemble du film un
véritable respect aussi bien pour les personnages que pour
l'histoire elle-même qui force la sympathie et rend la vision
de l'ensemble plus qu'agréable. Les actrices s'en tirent plutôt
bien, on ne s'ennuie pas, c'est plein de bons sentiments et, quelque
part, ça ne fait pas de mal, non?
Un Miike mineur, certes (encore que), mais un bien bon film
quand même.