Infernal Affairs 2
Les Affaires Infernales... épisode 2... nous y revoilà !!
Hong-Kong 1991, la nuit est tombée sur le commissariat du Superintendent Wong. Vidé de la plupart de ses résidents, le lieu est propice pour un interrogatoire "off the record". Ainsi Wong parlemente librement autour d’un dîner avec Sam, un jeune chef de triade sous les ordres de la Famille Kwun. Plus qu’une simple discussion entre amis de longue date, ou qu’un simple échange de bons procédés entre un flic et son informateur ; cette rencontre au sommet pleine de silences, voire de non-dits, n’est en fait qu’un bras de fer entre un ambitieux mafieux et un policier presque dépassé. Cette fausse intimité entre Sam et Wong ne présage rien de bon. D’ailleurs, à l’autre bout de la ville, Kwun, le seul et unique chef des Triades de la ville, se fait assassiner.
La vie souterraine est en plein émoi. Les lieutenants de Kwun pensent pouvoir profiter de la mort de leur boss, pour devenir indépendants de la Famille Kwun. Seul Sam reste fidèle et prête allégeance au fils de Kwun, Hau. Ne possédant pas la force de caractère de son père, il est naturel pour ses lieutenants de remettre en question le pouvoir de Hau. Mais le pas si inexpérimenté que ça qu’est Hau, possède un allié de poids en la personne de Sam. Celui-ci fait bien comprendre qu’il est inutile de tenter quoi que soit contre Hau, car il détient des preuves compromettantes pouvant faire tomber chacun des 4 boss. Appeurés et acculés, les 4 bonhommes cèdent aux menaces et prêtent allégeance au jeune Hau, maintenant devenu le tout puissant Hau. Dès lors Wong et son collègue Luk savent pertinemment que le chaos ambiant reste favorable à une guerre du pouvoir, et que le vainqueur du combat sera celui qui a commandité le meurtre de Kwun senior.
C’est alors que Wong a l’idée de placer une taupe au sein de l’organisation du jeune Hau Kwun. A peine sorti de l’académie de police, Chan Wing Yan infiltre donc les triades et fait ses classes sous les ordres de Sam. Ce dernier en profite, dans le même temps, pour placer sa propre taupe au sein, non pas des services de police, mais plutôt directement à l’Académie de Police. Ainsi sans même le savoir, Yan et Ming se croisent sans cesse et ne se connaissent pas.
Ce soir, la Famille Kwun règle ses comptes !!
Quelques temps ont passé, Ming a atteint un avancement rapide dû aux informations de Sam l’ambitieux. De son côté, Yan possède maintenant la pleine confiance de Hau, qui lui bien que solidemment implanté à la tête de l’underworld hongkongais, n’a jamais oublié la trahison des chefs de Triades, qui a conduit à la mort de son père. C’est alors que la machine se met en route. Hau profite de l’anniversaire de son enfant pour partager son désir de prendre sa retraite avec les chefs de Triades. A la manière d’un grand seigneur octroyant ses biens à ses vassaux, Hau laisse croire à tous, que son vœu le plus cher est de voir grandir ses enfants et de ne plus être témoin de la moindre violence. Mais tout ceci n’est qu’un prétexte pour que les 4 chefs baissent leur garde. En l’espace d’un instant Hau fait éliminer les hommes qu’il croit être à l’origine du meurtre de son père. Les assassinats sont d’une rare violence et Sam commence à croire qu’il risque lui aussi d’y passer... et il a beau se terrer en Thailande, il reste encore à la portée d’Hau... et y trouve finalement la mort.
Mais Hau n’est pas au bout de ses surprises, en peu de temps il découvre que la femme de Sam n’est pas étrangère à la mort de son père. Le bras de la vengeance étant à ce stade bien "chaud", il ne tarde pas à s’abattre sur tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Et ce n’est pas le surprenant retour à la vie de Sam qui calmera la rage aveugle de Hau...
"I killed my mother’s son !! I killed my father’s son !!" [1]
Véritable phénomène cinématographique et bien plus cultissime que n’importe quel John Woo avec Chow-Yun-Fat (ne serait-ce que pour le mechandising qu’elle a généré et qu’elle génère encore), la série des Infernal Affairs a ouvert une brèche majestueuse dans le paysage audiovisuel hong-kongais. Certes les films au casting somptueux et commercial sont légions dans l’industrie locale. Que ce soit sous l’impulsion de la Shaw (on ne compte plus les films d’arts martiaux associant Ti Lung, Chen Kuai Tai, David Chiang, ou encore Lo Lieh et Yuen Hua) ; ou bien sous la houlette de la Film Workshop de Tsui, de B.I.G de Wong Jing, et plus proche de nous la MilkyWay de To Kei Fung.
C’est justement ce dernier qui parviendra avec son The Mission à dynamiter ce que l’on appelle un casting basique, pour réunir sous sa réalisation Simon, Anthony, Roy, Francis, Lam et Eddy, et ainsi créer une œuvre incomparable au casting intouchable.
C’est alors que Media Asia mit en œuvre un film avec pour centre nerveux la corruption ; aussi bien dans les services de police qu’au sein des Triades, et de manière infiltrante. Andrew Lau est pressenti pour diriger le projet. Devant sa caméra, Media Asia met la main au portefeuille et engage le chouchou des jeunes filles en fleur d’HK, le bel Andy Lau. Et pour lui faire face un visage que l’Europe connaît mieux depuis son prix d’interprétation cannois pour In the Mood for Love, celui de Tony Leung. Bien sûr pour qu’un tel projet prenne l’envergure souhaitée, des "seconds couteaux" se joignent à ce couple star. Ainsi Eric Tsang et Anthony Wong seront les mentors respectifs d’Andy et de Tony. En complément de cette riche association d’acteurs, des apparitions anecdotiques d’Elva, de Kelly Chen et de Sammi Cheng prouveront que Media Asia aime les femmes.
Bref le film sort le 12 décembre 2002 (le lendemain de mon anniversaire) et remporte le succès attendu non seulement dans la majeure partie de l’Asie mais aussi dans les Festivals auxquels le film est envoyé. Et je préciserais qu’à l’image de Fulltime Killer, Infernal Affairs prend une bien belle ampleur en salles. Le film bénéficiera d’une édition VCD et deux éditions sublimes en DVD.
Pourtant c’est un goût amer qui nous reste dans la bouche. Un sentiment d’inachevé, de roles peu approffondis (ceux de Kelly et d’Elva Hsiao), des relations qui restent bien trop mystérieuses (Tsang/Wong, Tony/Andy, Kelly/Tony, Andy/Sammi... toutes en fait), et surtout le vieillissement des personnages qui s’opère en un plan, ralenti comme toujours en post-prod. Il y a donc pas mal de choses qui ne passent pas.
A ce stade, deux hypothèses subsistent. Soit les scénaristes écrivant le premier volet des Affaires Infernales avaient déjà dans l’idée d’aller plus loin, et/ou dès le début du projet, il s’agissait alors d’écrire l’histoire de façon à ce qu’une trilogie voit le jour. Soit les producteurs ont flairé le bon filon et ont commandé la suite. Dans le premier cas, (mon cœur de cinéphile préfère croire que cette hypothèse est la bonne !!) le premier et le troisième opus de cette trilogie ne formeraient en fait qu’un seul et même film de plus de 3h (avec un montage dans ce sens, bien entendu). Ainsi le second film prendrait une dimension surprenante et deviendrait le premier volet d’une œuvre quasi géniale, voire parfaite. Mais bon tout porte à croire que la seconde hypothèse est la plus réaliste. Pour preuve, l’interview que nous accordait Frederic Tsui (Responsable de la Co-Production chez Media Asia), lors du 5ème Festival du Film Asiatique de Deauville. On apprenait qu’une suite était prévue.
Cette "préquelle" portera sur la jeunesse des "héros" et surtout sur le pourquoi du comment, en fait. Outre cela, le film parlera plus en détail de l’apprentissage de chacun, celui de flic corrompu pour l’un, et de flic infiltré pour l’autre. De plus certaines zones d’ombre seront enfin éclaircies, voire carrément traitées. Je pense à la relation de "couple" qu’entretiennent Wong et Tsang, avec peut être la signification de leurs rictus lors de leur face à face, et la raison de la débauche de plans sur le cadavre d’Anthony Wong et la détresse de Tony Leung devant le corps de la seule personne connaissant son appartenance à la police. Mister Tsui nous confirma aussi la présence d’un véritable personnage féminin, qui devrait nous aider à comprendre le comportement déviant du personnage d’Andy Lau, le flic corrompu. Et je dois dire que lorsque quelques mois plus tard les affiches nous confirment la présence de Carina Lau dans ce role, mais aussi celle de Francis Ng, il a été clair dans mon esprit qu’Infernal Affairs 2 serait incontournable...
...et je dois avouer que c’est bien le cas. D’ailleurs, autant vous le dire tout de suite Infernal Affairs 2 surclasse non seulement de loin Infernal Affairs, mais parvient à rendre meilleur et même à bonifier le premier film. Attention la quasi perfection d’Infernal Affairs 2 n’excuse en rien les impardonnables effets de mise en scène du premier opus ; en fait, elle aide à faire passer la pillule de la gorge jusqu’à l’estomac, et conduit donc Infernal Affairs à une bonne digestion.
L’apport de Shawn Yue dans le rôle de Yan est bien plus qu’honorable, d’ailleurs notre attention est tout particulièrement portée sur lui, car après tout il incarne l’homme bon, obligé de céder aux plus vils instincts pour permettre les arrestations des plus violents délinquants. Réduit au simple matricule de 27149, il mettra des années à retrouver son identité, et au prix que l’on sait... Face à lui, se trouve un Edison Chen en bien meilleure forme (heureusement pour nous) que dans le défilé de mode et de mèches auquel se résume The Twins Effect. Bien que moins mis à contribution que son "collègue" au destin parallèle, Edison Chen parvient tout de même à tirer une petite épingle du jeu. Certes son rôle ne prend vraiment consistance que grâce à celui de Carina Lau, mais je dois dire qu’il se trouve sur la bonne voix, un acteur est peut être né... nous verrons.
Mais la palme est à remettre sans nul doute - une fois de plus à vrai dire - à Anthony Wong, Eric Tsang, et Francis Ng. Trois acteurs que l’on connaît bien et trois grands acteurs au service d’une intrigue somptueuse et ficelée comme il se doit, pour un film sur la Mafia. Anthony fait preuve d’un jeu plus subtil, tout comme Eric Tsang. Tous deux alimentent une légende dont on se languissait de connaître les origines. Leur relation amicale et violente à la fois, accélère le mécanisme d’autodestruction qui fera rage autour de Wong et dont son ami Luk sera victime. Eric Tsang est un homme au comportement tellement ambigu, qu’il pourrait vous serrer la main tout en vous poignardant dans le dos sans que vous vous en rendiez compte.
Bien avant de se décolorer les cheveux en blond, Eric Tsang avait une femme, et quelle femme !! Beaucoup plus calculatrice qu’elle veut bien le laisser transparaître, Carina Lau reste la plus belle des femmes. Tellement parfaite que l’on serait prêt à mettre son intégrité de policier de côté pour recevoir ne serait-ce qu’une once de regard de sa part, ou mieux encore son amour. C’est d’ailleurs elle qui fera écouter à Ming, cette chanson qu’il écoutera des années plus tard en compagnie de Yan dans un magasin d’Hi-Fi. Carina Lau est lumineuse et comble de bonheur le piètre fan que je suis.
Quand à Francis Ng, que dire ?? Monsieur Ng Chun Yu est majestueux !!! Monsieur Francis est impeccable !!! Ng est le seul maitre du métier d’acteur. C’est une leçon de jeu simple et juste. En un mot, c’est beau !!
J’ajouterais simplement une spéciale dédicace à Chapman To dont la garde robe se doit d’être saluée. Et à Roy Cheung qui nous gratifie d’un rôle se réduisant à une seule réplique, mais ô combien significative.
Le Pouvoir ne se donne pas. Il se prend !!
En fait, il vous faut dresser une liste de tout ce qui ne vous a pas plu dans Infernal Affairs : mise en scène pompeuse, musique tonitruante légèrement abusée, des séquences quelque peu lourdes (la mort d’Anthony Wong)... allez-y je vous laisse quelques secondes pour la rédiger... voilà ça doit y être... bon et bien maintenant vous la mémorisez bien et vous la chifonnez car Infernal Affairs 2 n’a plus grand chose à voir avec la manière de filmer du premier film, vous savez cet étrange n’importe quoi clipesque. Ce coup-ci, Andrew Lau et Alan Mak prennent leur temps de façon réfléchie et sans étirement des séquences, ce qui était l’un des principaux défauts d’Infernal Affairs. D’ailleurs plus j’y pense et moins ce film ressemble à un travail de réalisation d’Andrew Lau. Mieux encore, je préfère croire que ce dernier s’est enfin cantonné à ce qu’il sait faire de mieux (directeur de la photographie) et qu’il laissa Alan Mak mener plus en détail et donc plus en avant la réalisation.
Certes les références au Parrain de Mario Puzo sont flagrantes. La quête du pouvoir, l’accession au pouvoir, cette volonté de se venger, d’être le plus fort, d’être le seul maitre à bord. Mais quand un livre aussi puissant et poseur de bases que l’œuvre de Puzo est écrit, toutes les œuvres postérieures ne peuvent paraître que d’immondes resucées. Cependant reprocher quoi que ce soit aux scénaristes d’Infernal Affairs, serait reprocher à J.K. Rowling d’avoir lu et relu Le Seigneur des Anneaux, vu et assimilé Star Wars et d’avoir repompé la Bible.
Bien au delà de ce genre de vulgaires considérations de "qui a copié qui" - les mots appartenant à tout le monde -, Infernal Affairs 2 est sans doute une prouesse scénaristique devant laquelle il faut que vous soyiez extremement attentifs, pour ne pas vous perdre dans les dédales relationnels entre les protagonistes. Peut-être qu’une diffusion du premier volet au préalable est préférable...
Bien plus qu’une simple suite répondant aux multiples et trop nombreuses questions restées sans réponses à la fin d’Infernal Affairs, Infernal Affairs 2 est un chef d’œuvre à part entière !!
En VCD (pas vu) Media Asia avec ses sous-titres anglais.
En édition deux DVD Media Asia.
En édition spéciale deux DVD (exactement les mêmes) présentée dans un box noir de bien belle facture et assez lourd. L’édition est accompagnée d’un livre (hardcover superbe) de photographies tirées du film, ainsi que d’un calendrier de bureau et un autre de format plus conséquent (tous deux en prévision de l’année 2004 bien évidemment) et d’un certificat d’authenticité contre-signé par les acteurs du film. Cette édition a été tirée à 3000 exemplaires.
1er DVD :
le film dans son format d’origine 2.35:1 (et il pète croyez moi !!). Au niveau du son, il nous est offert de choisir entre deux pistes cantonaises discrètes, l’une en 5.1 et l’autre en DTS ; et une piste en mandarin, présentée en 5.1. Sur le menu vous pourrez cliquer sur un chapitrage nommé "TIME", l’envoi du film rebaptisé "BEGINS", et le choix des langues intelligemment appellé "SET UP". Le pressage est somptueux et le traitement des images quasiment pastel ressort en grandes pompes...
2èmeDVD :
Le plein de suppléments. Au programme la génèse des affaires infernales, des scènes coupées, un clip vidéo, du making-of, des galleries de photos, toutes les affiche du film (et même celles du métro local), les - devenus célèbres depuis la sortie en DVD du premier volet - "Dossiers Confidentiels" d’Infernal Affairs 2. Et pour finir des trailers, des teasers et des spots TV à foison. Ca part dans tous les sens et même en english : "Now for the first time... Academy Award Winner and International Action Star... Ocean Shores presents... in a theater near you... this summer". Et cerise sur le gâteau un trailer de Infernal Affairs 3 , eh oui madame. Bref c’est incontournable !!!!!
Un coffret comprenant le premier et le second opus est sorti pour l’occasion... avis aux amateurs !!
[1] Confession de Michael Corleone à un cardinal, futur pape.