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Japon

Super Gun Lady Wani Bunsho

aka Suupaa Gun Redi Wani Bunsho - Wani Bunsho - 82 Bunsho - Die Exekution | 1979 | un film de Chusei Sone | d’après le manga de Tooru Shinohara | avec Emi Yokoyama, Jambo Kaoru, Shin Kishida, Kei Satou, Hatsuo Yamaya, Kenji Imai, Ken Kazama, Yûya Uchida, Rikiya Yasuoka, Masato Furuoya, Masatsugu Takase, Nobutaka Masutomi, Hiroshi Fukami, Seiji Endou, Megu Kawashima, Toshihiko Oda

Violence et chaos marquant la fin d’une époque...

Mika Hino et Rin Kagura sont toutes deux recrutées par la très secrète section 82 de la police tokyoïte, la Wani Bunsho. Mika, jeune femme sexy et avare en parole est contrainte de s’associer à Rin, gabarit catcheuse plutôt volubile. Tajima, président de la société Yamato Shouji impliqué dans une affaire de malversation, est retrouvé mort dans d’étranges circonstances alors qu’il était surveillé par les deux jeunes femmes... Après une longue poursuite à travers Tôkyô, Mika et Rin parviennent à appréhender d’une manière on ne peut plus musclée l’assassin de Tajima ; ce dernier appartient à un groupuscule d’extrême droite qui a pignon sur rue, le Ishinjuku. Elle parviennent à s’introduire dans le laboratoire de l’homme qui dirige cette faction extrémiste, Onodera... mais les évènements tournent mal, et Mika est capturée. Jetée en pâture aux hommes de l’Ishinjuku, la jeune femme, droguée de force, va subir les pires humiliations... Blessée, Rin prévient ses supérieurs de ce qui vient d’arriver, avant de se retrouver confrontée à une machination politique qui dépasse leur simple enquête ; Takamiya, éminent politique, implicitement impliqué dans l’affaire de corruption, demande à Amamiya, autre politicien véreux travaillant auprès de l’enquête ministérielle, d’étouffer l’affaire...

Sorti dans les salles nippones le 18 Août 1979, Super Gun Lady Wani Bunsho, adaptation cinématographique du manga créé par Tooru Shinohara (Joshuu Sasori, Zeroka no Onna), nous place dès ses premières images dans un univers codifié, mettant le spectateur face à une violence urbaine des plus brutales, marquant ainsi le chant du cygne d’un Genre qui allait bientôt disparaître au profit d’un cinéma plus consensuel... Il faut dire que la décennie 70’s fût une sorte d’école de mise en scène exubérante, couplée à une cour de récréation où l’expérimentation graphique était de bon ton pour bon nombre de réalisateurs du monde entier, et plus particulièrement au Japon, où le film d’exploit’ ventant les mérites de jeunes femmes armées et sexy fit son apparition -notamment dans un classique du genre sorti au début du mois de Mai 1970, Onnabanchou Noraneko Rokku de Yasuharu Hasebe.

...ce Wani Bunsho arrive donc alors que le film d’exploit’ nippon a connu son apogée quelques années plus tôt, à quelques mois du début d’une nouvelle décennie qui marquerait l’avènement de la vidéo, cantonnant ce type de productions à l’exclusif marché de la cassette. S’il devait avoir une place particulière dans l’histoire du film d’exploitation japonais, Wani Bunsho serait une sorte d’ultime baroud d’honneur nihiliste entraînant la fin d’un Genre dans un tourbillon de violence inouï, comme pouvait déjà le préfigurer en son temps le magnifique Zeroka no Onna - Akai Wappa (Yukio Noda /1974) aka Les Menottes Rouges...

Contrairement à certaines mises en scène avant-gardistes -donnant aussi bien un sens à l’utilisation de telle ou telle couleur qu’aux constructions quasi-millimétrées des cadrages- du type de celles des trois premiers volets de la série Joshuu Sasori (Shunya Ito), la réalisation de Chusei Sone (Tenshi no Harawata - Akai Kyoshitsu), beaucoup plus sèche et agressive, fait dans le réalisme quasi-documentaire, n’hésitant pas à embarquer sa caméra dans des poursuites où la lisibilité de l’image peut paraître désordonnée... impression seulement, puisque l’œil de Sone se focalise avant tout sur la douleur, sans s’attarder ; un cinéma "réaliste" à rapprocher de l’école américaine à la manière de William Friedkin sur The French Connection notamment, en y ajoutant un aspect exploit’ outrancier décrivant une violence rude et une noirceur sans compromis.

Western urbain d’une violence quasi-pornographique lorsqu’il dépeint les humiliations endurées par la pauvre Mika, Wani Bunsho vous l’aurez compris, ne fait pas dans la dentelle. Tourné dans un Nikkatsu-scope magnifique, ce morceau de bravoure cinématographique possède outre ses qualités filmiques, une distribution des plus hétéroclites puisque l’on y retrouve aux côtés de nos deux héroïnes de grands noms du cinéma nippon, de Kei Satou à Shin Kishida, en passant par Rikiya Yasuoka, Masato Furuoya, ou encore l’inénarrable rocker anti-conformiste Yûya Uchida...

...en égratignant la classe politique nippone et les institutions capitalistes du pays, sans oublier la justice et le monde de la pègre, Wani Bunsho est une sorte de brûlot sans foi ni loi, un ultime pavé dans la marre aux allures de simple petit film d’exploit’... A travers les personnages et situations créés par Shinohara, Sone sonne le glas d’une industrie cinématographique qui se permettait tout, sans le moindre état d’âme, signant en même temps que l’arrêt quasi-définitif de dix années d’outrances cinématographiques, un chef-d’œuvre de violence et de nihilisme. Wani Bunsho restera un must du film d’exploitation, apocalyptique, autodestructeur... et sans la moindre concession.

Disponible en VHS (NTSC) chez Nikkatsu Video au Japon.

- Article paru le lundi 29 novembre 2004

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