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Japon

Shinsei Toire no Hanako-san

aka Hanako the School Ghost - School Mystery - Rebirth of Hanako-san in the Toilet Room | Japon | 1998 | Un film de Yukihiko Tsutsumi | D’après le recueil d’histoires Toire no Hanako san | Avec Ai Maeda, Maya Hamaoka, Reiko Takashima, Ayako Ômura, Yuka Nomura, Hiroshi Nagano, Hideyuki Kasahara, Shinichi Ogishima, Saruganseki (Kazunari Moriwaki, Hiroyuki Ariyoshi), Ichirô Ogura, Miyako Yamaguchi, Aya Suyama, Yûka Nomura, Eri Fuse, Yuri Mizutani, Satomi Ishii, Akaji Maro

La légende urbaine nippone numéro un vue par Yukihiko Tsutsumi...

C’est la rentrée au collège Midoridai. La jeune Satomi Kurahashi est ravie de se retrouver dans la même classe que ses deux amis Kanae Sawaguchi et Kosuke Kashiwagi. Si la jeune fille semble très heureuse, son entrée au collège rappelle à ses parents un bien mauvais souvenir : onze ans auparavant, sa grande sœur Kaori, disparut alors qu’elle était élève à Midoridai. Les rumeurs abondent autour de cette disparition, mais nul ne peut dire ce qu’il est advenu de la jeune fille... Le premier jour de classe, alors que Satomi et ses amis se baladent dans l’école, ils tombent sur un petit autel dans l’arrière-cour qu’elle se souvient avoir vue sur une photo de sa sœur prise peu de temps avant sa disparition. Soudain, Satomi entend une voix sortie de nulle part murmurer son nom... Le lendemain, la jeune fille est retrouvée inconsciente dans les toilettes de l’école. Lorsqu’elle reprend ses esprits, elle dit avoir vu un fantôme...

Evidemment, un pays comme le Japon recèle d’un nombre important de réalisateurs talentueux pas forcément connus du public occidental. Il faut bien dire que parmi les metteurs en scène nippons actuels, hormis Takeshi Kitano, éventuellement un Tsukamoto et depuis peu un Miike, ainsi qu’une infime partie des œuvres de Shinji Aoyama et Kiyoshi Kurosawa, sans oublier la vieille garde - pas particulièrement très prolifique - que constituent Nagisa Ôshima et Shohei Imamura, le cinéma du pays du soleil levant fait pâle figure auprès d’un public qui a pour référence principale - et pour une grande partie ne connaît que de nom - Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, et d’une critique qui a du mal à s’ouvrir pleinement à un pays pourtant bourré de génies méconnus...

Yukihiko Tsutsumi, génial touche à tout qui déborde d’un talent inouï pour la mise en scène, fait partie de ces réalisateurs que personne ne connaît en nos contrées. A bientôt quarante-huit ans, treize long-métrages à son actif et une flopée de drama, direct to video, émissions télévisées de divertissement et d’information, clips (V6, Nanase Aikawa, Fumiya Fujii...), pubs, concerts filmés, représentations théâtrales et j’en passe... Tsutsumi a su s’imposer dans son pays comme l’un des acteurs incontournables du paysage audiovisuel nippon, grâce à sa bonne humeur, et à son univers éclectique qui oscille brillamment entre mainstream à 200% et expérimentations filmiques barrées dont il a le secret...

En 1998, Tsutsumi se voit donc confier la réalisation de la deuxième adaptation cinématographique de la légende urbaine nippone mettant en scène Hanako-san, trois ans après le Toire no Hanako-san de Jôji Matsuoka. Exit le gentil fantôme et le film à message qui prône l’ouverture à l’autre. Non, ici Hanako est un mauvais esprit, dont le but est de détruire et tuer... Encore une fois, Tsutsumi se retrouve dans une position qu’il semble "affectionner" tout particulièrement : le produit de commande dans lequel il va pouvoir expérimenter...

Si le scénario de Hiroshi Takahashi (Ring) n’a rien de particulièrement transcendant, Tsutsumi le rend attractif en axant sa mise en scène sur des effets de lumières où il suggère plus qu’il ne montre. Mais s’il joue avec les éclairages, c’est tout particulièrement dans sa manière de filmer qu’il parvient à créer une véritable atmosphère, notamment en utilisant le super-8 lors des "apparitions" d’Hanako. Tsutsumi choisit un parti-pris qui peut paraître audacieux pour un film de l’acabit de Shinsei Toire no Hanako-san, celui de filmer son film entièrement en courte focale et grand angle, recréant ainsi un univers à partir d’un environnement connu. Les bâtiments du collège Midoridai sont filmés toujours de la même manière ; plan fixe, contre-plongée, grand angle, ce qui confère au lieu un aspect inquiétant. Tsutsumi enferme des protagonistes dans un univers déformé par le choix de ses focales, et oppresse le spectateur qui se sent emprisonné, écrasé...
Cet aspect du film, qui explose littéralement dans sa seconde moitié, Tsutsumi le fait lentement mûrir, retirant au fur et à mesure que l’intrigue progresse des personnages et des éléments trop ancrés dans une réalité à laquelle spectateurs et personnages pourraient se raccrocher.

On retrouve dans la distribution du film, un casting assez hétéroclite, à l’image de l’univers de Tsutsumi, puisque l’on y retrouve la jeune Ai Maeda, déjà héroïne de la première adaptation cinématographique, que l’on a pu voir récemment dans Battle Royale II. A ses côtés, pèle-mêle, Hiroshi Nagano du groupe V6 (sortis de l’écurie Johnny’s comme Tokio et les - exceptionnels - SMAP), et surtout la magnifique Reiko Takashima (Kuro no Tenshi vol.1, EM-Embalming) qui mérite à elle seule qu’un article lui soit dédié...

Si Shinsei Toire no Hanako-san ne représente pas le meilleur de ce dont est capable Yukihiko Tsutsumi (il vaut mieux lorgner du coté de Trick, ou de ses méfaits télévisuels du type Tomoe !), il est en tous cas le parfait exemple de ce que devient une commande au scénario assez classique entre les mains d’un homme doué d’un véritable talent de composition de l’image... bref, un bon petit film fantastique dont le final totalement apocalyptique ne pourra que vous donner envie de découvrir l’univers barré, non dénué d’une certaine conventionalité, de l’un des meilleurs réalisateurs nippons actuels...

DVD (pas vu)* | Pony Canyon | NTSC | Zone 2 | Format : 1:1:85 - 16/9 | Son : Stéréo

* En juin 2003, Shinsei Toire no Hanako-san a bénéficié d’une ressortie au Japon dans une édition DVD à 2500 Y. Les spécificités techniques du DVD sont celles de cette réédition...

VHS (NTSC) au format, sans sous-titres.

VCD (HK) | Universe | Film très légèrement recadré, en stéréo, mais uniquement sous-titré en chinois.

- Article paru le vendredi 19 septembre 2003

signé Kuro

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