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Chine

Le temple de Shaolin

aka Shaolin Temple - Shaolin Si | Chine | 1982 | Un film de Chung Yam Yim | Avec Jet Li Lian-Jie, Wong Chau-Yin, Yu Hai, Ding Lan, Yu Hsing Wei

"Shaolin, Shaolin, tant de héros et de justiciers t’admirent..."

Le Général Wang est un tyran qui tient la capital de l’Est en son pouvoir. Prisonnier du régime, Jue-Yan parvient à s’échapper grâce à son père qui se sacrifie en combattant le Général Wang. Après avoir traversé le désert, le fugitif est recueilli dans un état d’extrême faiblesse au temple de Shaolin. Soigné par les bonzes, Jue-Yan devient homme à tout faire dans le temple et vit avec les autres bonzes. Mais lui qui désire toujours lutter contre le Général Wang, rêve d’apprendre les techniques de kung-fu des moines, qui lui permettront de devenir un véritable combattant. Pour cela le jeune homme devient bonze à son tour. Mais très vite l’envie de vengeance de Jue-Yan reprend le dessus, et malgré son maître et l’amour qu’il porte à la fille de ce dernier - la charmante Wu Xia -, Jue-Yan quitte le monastère Shaolin pour partir à la recherche du Général Wang. Pendant ce temps, les hommes de Wang enlèvent Wu Xia...

Vous l’aurez remarqué, Le temple de Shaolin, malgré la présence de Jet Li, n’est pas un film hongkongais mais chinois. Petit retour en arrière... Pendant plusieurs années, le kung-fu est totalement proscrit par le régime communiste, et ses représentations cinématographiques venues de Hong Kong interdites sur le sol chinois. Au début des années quatre-vingt, la pratique des arts martiaux chinois est de nouveau autorisée, et même encouragée. Dans cette optique de changement, la Chine décide de produire un film qui mettra en valeur les arts martiaux chinois traditionnels, et pourra concurrencer les films de Hong Kong. Pour ce faire, les chinois engagent alors un jeune homme de dix huit ans, cinq fois champion national de Wushu, et capable de rivaliser avec les plus grand artistes martiaux de la colonie britannique. Son nom : Li Lian-Jie, qui sera bientôt plus connu sous le nom de Jet Li.

Inspiré d’une fresque peinte sur l’un des murs du temple de Shaolin, qui conte comment treize moines Shaolin sauvèrent l’Empereur Tang, l’histoire du Temple de Shaolin rassemble pourtant beaucoup d’éléments propres aux films de kung-fu de Hong Kong. Nous retrouvons donc à la base une classique histoire de vengeance, un héros encore jeune qui a besoin d’apprendre de nouvelles techniques martiales pour pouvoir affronter son pire ennemi, un maître plein de sagesse ou encore un méchant que tout le monde se plaît à détester. Heureusement, le film se permet aussi quelques écarts humoristiques bienvenus, avec les moines facétieux qui tentent de contourner certains principes un peu rigides de l’enseignement Shaolin, ou bien avec la romance naïve et un peu cruelle entre Jet Li et Din Nan (Jet Li tue le chien de la jeune fille en l’étouffant par mégarde, et finit par le manger !!!). Le film possède toutefois un aspect très intéressant, puisque tout en mettant en valeurs les arts martiaux de l’école Shaolin (nous allons y revenir), il s’interroge aussi sur la place d’une religion en temps de guerre. Le questionnement est d’autant plus fort, que les moines Shaolin enseignent le bouddhisme qui prône la non-violence, mais forment aussi à un art du combat qui peut se révéler extrêmement mortel. Et même si les moines finissent par intervenir (le film exalte tout de même certaines valeurs patriotiques), la question reste posée tout au long du film au travers des personnages secondaires (en particulier les bonzes et leur maître qui se sont avant tout réfugiés à Shaolin pour éviter d’être capturés par les hommes du tyran), qui sont en effet tiraillés entre les préceptes qu’ils doivent suivre (qui se révèlent eux même très contradictoires), et la situation qui exigerait leur intervention.

Bien sûr l’aspect le plus important du film reste la mise en avant des arts martiaux chinois. Tourné en décors naturels, Le temple de Shaolin débute d’ailleurs comme un documentaire sur l’endroit où est né le kung-fu chinois, et nous mène des montagnes qui entourent le temple jusqu’à la salle d’entraînement des moines. Le film fait ensuite la part belle aux combats, qui ressemblent presque par moment à de véritables exhibitions. Jet Li se révèle déjà impérial (en plus d’être déjà véritablement charismatique) ; il faut à ce titre le voir s’entraîner dans une magnifique séquence tournée en studio qui se passe pendant les quatre saisons, où il utilise successivement ses mains et ses pieds, le nunchaku à trois branches, la lance souple et l’épée. Les autres acteurs, qui sont eux aussi de véritables pratiquants, sont tout aussi impressionnants, et on assiste à d’authentiques démonstrations de toutes les techniques développées par les moines Shaolin - en particulier dans le maniement du bâton et dans la technique du "bâton ivre". A ce titre, la réalisation peu découpée et usant de plans larges permet vraiment d’admirer avec précision, toute la technique et tous les enchaînements développés par les combattants, sans jamais douter de leur authenticité.

En ces temps de combats câblés et autres prouesses en synthèse, Le temple de Shaolin est donc un film à redécouvrir pour admirer toute la beauté des arts martiaux.

Le temple de Shaolin existe en vidéo chez HK, et en DVD HK chez Mei Ah (pas vu, mais paraît-il de piètre qualité).

- Article paru le lundi 19 mai 2003

signé Torrente Wong

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