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Japon

Lady Snowblood

aka Shurayuki Hime, Blizzard from the Netherworld | Japon | 1973 | Un film de Toshiya Fujita | Avec Meiko Kaji, Toshio Kurosawa, Daimon Masaaki, Eiji Okada, Ko Nishimura

Kazuo Koike... Ce nom - qui est avant tout celui d’un scénariste de manga - entretient un lien étroit avec le cinéma japonais, et pour cause : ce sont les œuvres de cet auteur légendaire qui ont inspiré, entre autres, la série des Baby Cart, Crying Freeman, la trilogie des Razor (Goyôkiba) et les deux épisodes de Shurayuki Hime - Lady Snowblood.
Moins connues que les périples hallucinants de Ogami Itto (mises en scène pour la plupart par Kenji Misumi), les aventures de cette "Blanche Neige" infernale ("Shurayuki Hime" étant un jeu de mot sur "Shirayuki Hime", traduction de Blanche-Neige en japonais) font pourtant partie du Panthéon du film de sabres, ne serait-ce que pour leur remarquable violence...

Yuki est une enfant condamnée depuis la naissance. Mise au monde dans une période difficile pour le Japon - à savoir le début de l’ère Meiji - elle a été conçue uniquement pour assouvir la vengeance de sa mère Sayo. Petit flash-back...
Au début de l’ère Meiji, donc, l’Empereur décide de renforcer le système militaire du pays, persuadé que ce sont les faiblesses du traditionnel système des samouraïs qui empêchent le Japon d’asseoir sa puissance. Il met donc en œuvre un décret, obligeant les hommes de plusieurs contrées à rentrer dans les rangs d’une armée en devenir. Seuls peuvent échapper à la loi ceux qui sont assez riches pour s’acquitter d’une somme de 270 Yens - une petite fortune pour l’époque. Soit-disant, ce sont des hommes vêtus de blanc ("blood tax men") qui viennent chercher les appelés... Par malheur, le mari de Sayo est vêtu de blanc le jour où il arrive au village dans lequel il doit exercer son métier de professeur. Une troupe de quatre vilains bougres - trois hommes et une femme - assassinent brutalement le malchanceux, sous les yeux de Sayo. Par la suite, Sayo sera violée et torturée pendant trois jours et trois nuits ; après quoi les truands racketteront les habitants du village des fameux 270 Yens par appelé avant de prendre la fuite. L’un des violeurs emmène Sayo avec lui ; celle-ci attend le moment propice pour le tuer.

Arrêtée, Sayo est condamnée à perpétuité. Incapable dés lors d’assouvir sa vengeance, elle se met en tête d’avoir un enfant. Pour ce faire, elle attire les gardiens et couche, tour à tour, avec chacun d’entre eux. C’est dans un tel contexte, et derrière les barreaux, que naît Yuki, enfant damnée, qui sera élevée dans l’art du sabre, avec pour seul objectif de poursuivre la vengeance de sa mère décédée à sa naissance...

Une histoire de vengeance dans la grande tradition du film de sabre nippon, la présence de la fabuleuse Meiko Kaji (inoubliable Sasori de Female Convict Scorpion) dans le rôle titre... il n’en faut pas moins au réalisateur Toshiya Fujita pour livrer un véritable chef-d’œuvre avec ce premier Lady Snowblood.

Divisé en quatre chapitres qui rappellent les structures chères à Kazuo Koike - et notamment celles des Lone Wolf and Cub - Lady Snowblood est, comme les films de la série Baby Cart, un monument gore en avance sur son temps, doublé d’un fabuleux manga en scope. Naviguant entre l’ultra-violence (pour l’époque) et la poésie pure (les flash-backs subtils, comme ce premier retour en arrière qui se superpose à la tenue immaculée de Yuki), Lady Snowblood est avant tout le film d’une actrice - Meiko Kaji - capable de rendre toute la dualité de son personnage parfaitement crédible.

Souvent surprenant (le troisième chapitre et sa musique très seventies, la perruque du compagnon de Yuki dans la dernière partie), légèrement kitsch (les geysers de sang démesurés), le film de Toshiya Fujita est avant tout le témoignage d’une richesse cinématographique exceptionnelle. On y retrouve cet échange si pratiqué à l’époque entre le cinéma de genre japonais et le western spaghetti italien, Fujita reprenant à Leone ce que ce dernier a pris à Kurosawa, pour y rajouter des cadrages propres au manga. Soulignons au passage la réalisation outrancière et pourtant remarquable de Fujita (notamment ces incroyables ouvertures de champ), qui participe beaucoup à la mise en valeur de sa magnifique héroïne.

Pour toutes ces qualités essentielles - et toutes celles que je n’ai pas citées (notamment la chanson du générique, interprété par Meiko Kaji elle-même), Lady Snowblood mérite de sortir de l’ombre une bonne fois pour toutes. Ce n’est pas sa ressortie anglaise en DVD (scandaleuse) qui y participera, mais peut-être l’attention portée au récent remake de Shinsuke Sato aura-t-elle des répercussions très largement méritées !

DVD zone 2 PAL absolument repoussant : copie VHS troisième génération pressée sur DVD, sans doute l’une des galettes les plus hideuses (avec le second épisode) qu’il m’ait été donné de voir...
Même la cassette Animeigo (NTSC) est bien plus belle !
Mais le top reste pour l’instant le LaserDisc Animeigo, légèrement recadré (2.20:1 au lien de 2.40:1), avec son image hallucinante...
Avis aux collectionneurs !

- Article paru le lundi 15 juillet 2002

signé Akatomy

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