Sancho does Asia, cinémas d'Asie et d'ailleurs
Japon | Festival des 3 Continents 2009

Door III

aka Doa 3 - Jigoku no keibiin | Japon | 1996 | Un film de Kiyoshi Kurosawa | Avec Minako Tanaka, Kyô Sasaki, Mizuru Fujiwara, Ren Osugi

Tout d’abord, j’admets n’avoir vu ni Charisma, ni Cure, ni même Kaïro. Mais si je devais juger du talent de Kyoshi Kurosawa à la seule vue de Door III, je dirai qu’il est loin, très loin, du niveau de son célèbre homonyme. Door III est un film de daube. Un téléfilm d’horreur au budget rikiki si ridicule qu’il trouverait aisément sa place dans la grille de M6, le Jeudi en fin de soirée. Sacré gage de qualité...

Une représentante japonaise en assurance démarche l’énigmatique patron d’une entreprise qui semble subjuguer son staff exclusivement féminin, comme possédé. Rapidement attirée elle aussi, elle découvre vite que cet extraordinaire charisme n’est pas d’origine naturelle. Un parasite inconnu (venu de l’espace ?) rôde...

Ce pitch archi-banal, à la limite de la parodie vous fait sourire ? Non, non, s’il vous plaît, restez sérieux encore un moment, sinon vous ne terminerez jamais le film (pourtant très court). A moins d’être un hommage hyper-intelligent et camouflé comme un GI en Afghanistan au génie de Ed Wood, le film compile ce qu’une série B peut avoir de plus mauvais (c’est dire). Lourd, creux, en un mot comme en cent, con. Pour apprécier, on aimerait être revenu au bon vieux temps des soirées nanars-bières entre potes. Mais aller le voir en salle, c’est pousser loin le sadisme (que ne ferais-je pour vous, lecteurs de Sancho ?).

Un scénario inepte, donc, auquel s’ajoute une brochette d’acteurs pitoyables et sans expression qui feraient passer Chuck Norris pour le nouveau Mastroïanni. Ils semblent aussi motivés par cette histoire d’une originalité à faire pâlir Luc Besson que nous le sommes à la regarder, ce qui au final, les rend plutôt sympathiques. Dans cette optique, la fin, qui laisse grande ouverte la porte (hé, hé) à un Door IV, est un modèle du genre... pathétique. Quid du travail de Kurosawa, me direz-vous ? Sa réalisation paresseuse ne parvient même pas à exploiter les ficelles du genre. La complémentarité avec la musique (tiens, il y avait de la musique ?) est inexistante, de même que les hors-champs et les caméras subjectives à but flippant.

Un film sans saveur, peuplés d’acteurs du même acabit, aux visages impassibles en toute situation, empotés et souvent même carrément débiles (un vieux moustachu semble passer sa vie à écouter venir la cavalerie, l’oreille colée au bitume, au sortir d’un virage...). Il faut avouer que c’est un tour de force de montrer ne serait-ce qu’un haussement de sourcils (sans parler d’une grimace d’effroi) devant ce que j’appellerai "la bête". Espèce de scorpion à quinze pattes en caoutchouc visqueux, sortie d’une antique tirette à un franc (0,15€) et manipulée grâce à deux fils en nylon par des animateurs atteints de Parkinson, elle est tellement pitoyable qu’on lui réserve sur le champ une place au panthéon des monstres crétins, entre le calamar géant de M6 et les cafards de Mimic.

En somme, plus que toute autre chose, c’est le niveau affligeant de cette production qui fout les jetons.

Franchement, après ce que vous venez de lire, ça vous intéresse encore ?

- Article paru le dimanche 19 mai 2002

signé David Decloux

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