Alleycat Rock : Crazy Riders 71
Yasuharu Hasebe s’il a réalisé les plus marquants des films de la série des Alleycat Rock, n’en a réalisé que trois sur les cinq que compte cette dernière. Les deux autres ont été l’œuvre de Toshiya Fujita dont ce Crazy Riders 71, épisode qui conclut la série. Contrairement aux films d’Hasebe et même par rapport à son film précédent de la série (Wild Jumbo), Crazy Riders 71 est plus à ranger du côté de la comédie teintée de psychédélisme que du film violent et noir ou même du seishun eiga. Avec une emphase sur la musique (décidemment, Toshiya Fujita ne change pas) et une Meiko Kaji pour ainsi dire quasi-absente à l’écran, il a du mal à rivaliser avec les films de Hasebe.
Furiko (Meiko Kaji) est amoureuse du fils d’un puissant homme politique qui le destine à autre chose que devenir l’amant d’une jeune fille sans famille et aux amis louches (qu’ils fumeraient en cachette ne serait pas étonnant). Il fait donc enlever ce dernier et s’arrange pour envoyer Furiko en prison. Malheureusement, elle s’échappe et est bien décidée à remettre la main sur son amant...
Avant de tourner à la comédie hippie cycliste (fini la jeep polluante) partant un peu dans tous les sens, Crazy Riders 71 sera tout de même passé par la case violence (un meurtre), sociale (on retrouve les paysages déprimants des banlieues déshéritées des villes japonaises) et même par le petit pamphlet ironique et critique des média et des politiciens. Mais ensuite, il faut bien avouer que le soufflet retombe vite et sans un Hasebe derrière la caméra, on ne peut pas vraiment dire que le film soit particulièrement original.
La réalisation reste correcte mais sans plus et l’histoire est truffée de séquences musicales particulièrement soporifiques ou proprement hallucinantes. Ainsi le (véritable) groupe psychédélique Mops débarque sans crier gare et improvise un concert sur la plate-forme d’un camion sans que l’on sache ni pourquoi ni comment. Une sorte d’intermède musical impromptu dont on a du mal à comprendre le sens, et dont Toshiya Fujita nous avait déjà fait le coup dans Wild Jumbo avec la chanteuse Akiko Wada.
Tout ce beau monde (c’est-à-dire la bande à Furiko, qui vient l’aider à s’échapper des griffes du méchant politicien qui la détient maintenant en otage - décidemment cette pauvre Meiko Kaji semble être destinée à passer ses films en prison) en arrive à faire un sitting (c’était dans l’air du temps) devant la résidence du politicien en exigeant la libération de leur amie. Cette dernière parvient finalement à s’échapper avec la complicité de son amant (qui avait un moment retourné sa veste) pour que tout cela finisse (mal forcément) en western avec gunfights, vrais faux décors far-west et un enfant déambulant au milieu des explosions de dynamite. Allez savoir.
Pas désagréable, Crazy Riders 71 n’est pas non plus extrêmement excitant et reste trop emprunt d’une lourdeur psychédélique propre à l’époque. Il lui reste le charme de sa structure quelque peu fourre-tout et quelques scènes littéralement stupéfiantes, comme lorsque l’un des membres de la bande emprunte un marteau-piqueur à un ouvrier en pleine rue et meurt d’orgasme ( ?) en l’utilisant... On se demande si la colle forte utilisée par le personnage interprété par Tatsuya Fuji - toujours aussi excellent et un des deux piliers de la série avec Meiko Kaji - pour faire des plaisanteries n’a pas servi à autre chose...
Alleycat Rock : Crazy Riders 71 est disponible en VHS au Japon.




